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Concert Mariscal - Témoignage " Pour la beauté du geste..."


Grégory Mariscal

Ce soir Mariscal donnait son premier concert à l’Ecole du Jeu. J’étais parmi les spectateurs, écoutant chansons, textes, sons, voix, échos, souvenirs, et me disant que j’assistais là à une vraie leçon ; celle d’un artiste donnant tout son sens à l’expression « pour la beauté du geste ».

Dans cet espace intime, le chanteur joue pour notre petit nombre de spectateurs avec la même qualité, la même générosité que si nous avions été cinquante, cent, quatre cents, ou plus, ou moins … Le choix est d’une audace que je trouve profondément belle, venir essayer devant nous, accepter que ce ne soit ni parfait, ni rôdé, mais prendre le parti de la fragilité. Celui de l’honnêteté.

Le risque est présent, il donne le vertige, il nous égare puis nous rassure, ce n’est pas un concert habituel.

Là, tout nous est montré, ou plutôt rien n’est caché derrière des effets de manche. C’est si beau et si déstabilisant.

Il est difficile de décrire l’émotion de ce moment volé mais pour vous situer, elle ressemblerait à celle des premiers films de Godard, maladroits, simples et joyeux mais aussi, profondément tristes. Ou bien l’émotion que l’on peut avoir lorsqu’on rentre de voyage, toujours heureux, encore entre deux eaux, avec cette petite pointe de nostalgie que l’on sent déjà disparaître.

Et puis, au delà des chansons qui m’emmènent, il y a le choix de l’artiste. Ce choix de continuer de jouer, de vouloir se risquer, alors que nous sommes plutôt dans une époque – et celle-ci est bien réelle – où l’on entend : « tant que ça marche, tu ne cherches pas plus loin.

Et si ça ne marche pas, ne poursuis pas plus loin. » . « Où que tu sois, restes y et tiens toi tranquille. »

Et bien ce soir on faisait de la place à la beauté du geste.

À l’heure où Stéphane Hessel s’endort, où les récompenses ne vont plus aux génies du cinéma, ni à ceux du théâtre et que cela ne gêne personne, à l’heure où le soutien aux artistes périclite à vue d’œil, il en reste encore, des artistes, qui trouvent des lieux où s’indigner avec douceur et mélodie, des façons de dire « merde » avec grandeur et dignité.

Ils sont là pour nous rassurer.


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