Interview de Quentin Faure : Envisager l'apprentissage du métier d'acteur
- Claire Duchêne
- 22 févr. 2013
- 3 min de lecture

Si l’École du Jeu forme des comédiens en devenir, elle est aussi un espace de recherche où des acteurs professionnels peuvent éprouver leur pratique.
C’est le cas de Quentin Faure, qui, en novembre 2012, a participé au stage conventionné AFDAS « Training organique de l’acteur » dirigé par Delphine Eliet. Une belle occasion pour nous de discuter avec lui de la manière dont il envisage l’apprentissage du métier d’acteur.
Quentin Faure, élève à L'Ecole du Jeu.
Claire Duchêne, pour l’École du Jeu : Quel est votre parcours de comédien ?
Quentin Faure : J’ai fait un an au conservatoire de Nîmes quand j’étais gamin, ce qui m’a donné envie de faire du théâtre. J’ai fait une option théâtre au lycée, puis j’ai intégré la section professionnelle du conservatoire de Montpellier. À la fin de ma troisième année, je ne me sentais pas assez « costaud » pour être comédien professionnel, donc j’ai tenté le concours du Conservatoire de Paris, et je l’ai eu. À la suite de cela, j’ai joué dans le Roméo et Juliette d’Olivier Py, pièce avec laquelle nous sommes partis en tournée dans la France, et même au Japon. Actuellement, je cherche du travail.
C. D. Maintenant que vous avez fini votre formation et que vous travaillez, que cherchez-vous lorsque vous faites un stage ? Un entraînement au jeu d’acteur ? Un espace de recherche ?
Q. F. Un peu tout à la fois ! Je n’ai trouvé nulle part ailleurs la méthode et l’entraînement proposés par Delphine [Eliet, ndlr.] J’ai fait ce stage [training organique de l’acteur, ndlr.] parce que je savais que sa méthode [TCIC, ndlr.], très concrète et physique, est géniale pour repérer ses propres qualités et défauts d’acteur. Oser aller là où « ça coince » est très important pour moi dans le travail de l’acteur. C’est une méthode avec laquelle on ne peut pas tricher, qui invite l’acteur à être honnête envers lui-même.
C. D. Actuellement, quelle place occupent l’apprentissage et la formation dans votre travail de comédien ?
Q. F. En théorie, c’est la première. Pour moi, un comédien n’arrête pas d’apprendre. Si un jour tu te dis que tu as fait le tour, il faut changer de métier ! En ce moment, je répète une pièce jeune public avec un pianiste : la présence du piano sur scène invite à dire le texte d’une manière différente. À chaque fois, c’est nouveau : l’apprentissage est permanent.
C. D. Quelle différence faites-vous alors entre l’apprentissage que vous faites dans une création auprès d’un metteur en scène par exemple, et celui qui se fait dans le cadre d’un stage ?
Q. F. Dans un stage, on apprend des outils que ne nous donnerons jamais les metteurs en scène. Le stage que j’ai fait avec Delphine amène l’acteur à être autonome et prêt avant même d’avoir commencé à travailler, ce qui est fondamental : le metteur en scène n’est pas là pour échauffer ses comédiens !
C. D. Justement, utilisez-vous aujourd’hui les outils que vous avez mis en pratique pendant le stage ?
Q. F. Oui, quasiment à chaque fois que j’ai un casting. Ce stage m’a appris à mieux regarder dans quel état je me trouve avant une répétition. Il m’a appris à être clair avec moi-même, avec le fait d’être le plus possible en état de travail lorsque ce doit être le cas.
Ces outils me permettent également de sentir où j’en suis sur le plateau quand je joue : faut-il que je me calme à ce moment-là ? Ou au contraire, que je remette du rythme dans la scène ? Les outils aident également à « entrer dans la scène », quand je sens que je n’y suis pas. J’essaye de ne pas tricher avec ça !
C. D. Dans votre futur, comment comptez-vous parfaire votre apprentissage du métier de comédien ?
Q. F. En continuant à prendre des risques. Et puis, j’aimerais beaucoup enseigner, par exemple.
Quentin Faure, qui, en novembre 2012, a participé au stage conventionné AFDAS « Training organique de l’acteur » dirigé par Delphine Eliet.
C. D. Qu’aimeriez-vous transmettre à ce moment-là ?
Q. F. Le feu sacré qu’un acteur doit avoir en lui. Ce qui m’intéresse, c’est la vie qu’un acteur peut générer et transmettre aux gens. Il y a du théâtre parce qu’il y a de la vie. S’il n’y a pas de vie, le théâtre reste de la littérature. Je pense qu’un acteur est un fusible entre la littérature et le public : il donne vie à un texte. Je ne sais pas si ça se fera un jour, mais c’est ce que j’aimerais transmettre.
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