Un cours de masque à l'Ecole du Jeu
- Claire Duchêne
- 20 févr. 2013
- 3 min de lecture

Instant saisi par Claire Duchêne, élève de seconde année de l’École du Jeu.
14h20 à l’École du Jeu. Les élèves de la classe de 1ere année B s’activent pour mettre leur collant noir sur la tête, rituel qu’ils pratiquent avant le début de chaque cours de masque, dirigé par Mariana Araoz.
Les élèves ainsi vêtus en noir des pieds à la tête créent une silhouette neutre, étape nécessaire et fondamentale pour pratiquer le masque neutre.
Car comme chaque lundi, le cours débute avec la pratique de ce type de masque, autour de l’exercice du « Cercle », inventé par Mario Gonzalès.
En indiquant que la « scénographie du lieu doit être parfaite », Mariana Araoz amène dès le début une composante fondamentale de son cours : celle de l’exigence de faire du théâtre tout de suite, quand bien même il s’agit d’un exercice.
Une fois les bouteilles et cahiers rangés, ce dernier peut enfin commencer.
« Maintenant, on est ensemble». Au centre de la scénographie, 8 masques neutres sont en attente de leurs protagonistes. « Qui veut jouer ? »

Le mot est lancé. Cet exercice, s’il est un échauffement préliminaire au masque expressif, déborde le simple cadre d’un cours de masque pour aborder plusieurs notions fondamentales propres au jeu : faire des propositions claires sur un plateau, prendre en compte les accidents et les intégrer dans le présent de la situation, ne pas « s’absenter », savoir trouver sa place au sein d’un groupe… En bref, savoir être présent sur un plateau de théâtre.

Si au cours de l’exercice, un élève se trompe, ne serait-ce que d’un pas, il est immédiatement « corrigé » par les « coachs » [les élèves qui ne jouent pas, ndlr.] Le joueur répète alors son erreur trois fois, et seulement après, il est autorisé à repartir.
L’erreur n’est donc pas exclue, mais pleinement intégrée au processus de jeu : « Quelle qu’elle soit, rappelle Mariana Araoz, elle doit être prise avec calme et tranquillité. »
Une jolie manière de rappeler que le théâtre est l’art du présent par excellence, et que l’erreur peut devenir une proposition à part entière, si elle intégrée et assumée en tant que telle.
L’exercice est maintenant terminé : les joueurs doivent regagner leur place, avec une improvisation gestuelle dirigée par un protagoniste et accompagnée de manière sonore par les autres élèves.

Là encore, il n’y a pas de place pour la demi-mesure dans l’exigence : « Quand vous faites une proposition de chanson, il faut la connaître vraiment, pas à moitié, sinon le spectateur vous perd ! »
Les joueurs s’assoient, les spectateurs applaudissent et Mariana Araoz propose de faire cinq minutes de « forum », afin de clore complètement l’exercice.
Plusieurs questions fusent, pratiquement toutes concernant les erreurs effectuées au cours du jeu :
« – Si j’ai remarqué que j’ai fait une erreur et que j’ai commencé à me corriger avant que les coachs ne le fassent, suis-je obligée de les arrêter [de leur signaler que je suis consciente d’avoir fait une erreur, ndlr]?
– Oui ! C’est que tu n’as pas été assez rapide…»
Et elle ajoute : « S il y a une erreur, c’est parce que le geste est automatique et qu’il n’a pas été réfléchi avant d’avoir été fait ».
Léa Forest, élève en Cycle Long à L'Ecole du Jeu.
Car finalement, si le rôle des « coachs » est de faire avancer tout le groupe dans la même direction et au même rythme, un des buts de cet exercice du Cercle est aussi d’être son propre « coach » pour devenir un acteur qui réfléchit avant d’exécuter, et trouver, grâce à cette autonomie, une réelle liberté dans le jeu.
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