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Hope, de et avec Victoire Dubois, co-mise en scène avec Delphine Eliet

  • Claire Duchêne
  • 23 oct. 2012
  • 6 min de lecture

Sortie du Conservatoire National il y a à peine quelques mois, Victoire du Bois a déjà un parcours riche en expériences, questionnements et rencontres de toutes sortes.

Avant de s’envoler vers les Etats-Unis pour le festival de Seuls en scène de Princeton, elle s’est prêtée à une interview sans détour sur son parcours avant et après son passage à l’École du Jeu.

Claire Duchêne, pour l’École du Jeu : Vous partez à Princeton pour un festival de « Seul en scène » avec Hope, un spectacle dont vous êtes l’auteur et le co-metteur en scène avec Delphine Eliet. Est-ce exact de dire que ce spectacle est né d’un exercice pratiqué dans le cadre de l’École du Jeu ?

Victoire du Bois : En fait le spectacle n’est pas né de ça. Mais à un moment de la création, nous avons décidé que le spectacle commencerait par cette phrase «je m’appelle…», ce qui m’a aidé à trouver une cohérence pour le fil de l’histoire, à savoir la narration de la vie de Billi.

Hope se passe aux Etats-Unis : cela fait plaisir de le présenter à Princeton, mais également peur parce que les Américains ne se reconnaîtront peut-être pas dans ma façon de rêver leur pays… Ce qui me touche réellement, c’est de partir avec Delphine (Eliet, la directrice de l’école, ndlr), car on partage l’histoire de ce spectacle: on l’a co-mis en scène, chacune d’entre nous y a apporté ses fils à coudre. Hope est né d’un désir qui se manifestait déjà à l’époque, de faire un spectacle qui parlerait des femmes. Delphine m’a aiguillée avec son savoir-faire. Quand j’ai eu la possibilité de le mettre en place au Conservatoire grâce aux cartes blanches, il y avait des personnes avec qui il était évident que je travaille, dont Delphine.

De fait, partir à Princeton ensemble et avec Hope me rend heureuse. Je ne réalise pas complètement à quel point c’est fou : c’est un réel cadeau.

C. D. : Depuis vos débuts, vous avez suivi plusieurs formations de comédienne, toutes très différentes. Qu’est-ce qui vous a amenée à l’École du Jeu?

V. D. : Je me suis inscrite à la fac après avoir passé mon bac théâtre à Nantes. Je savais que je voulais être comédienne, je faisais partie de toutes les associations de théâtre de la fac ! J’ai fait un spectacle qui a plutôt bien marché et me suis dit qu’il fallait que je monte à Paris. J’ai suivi une première formation où je me suis rendu compte au bout de quelques mois que le professeur était trop dur, un peu violent, et que je ne prenais pas un plaisir fou à jouer. Un jour, une copine qui était dans la même école que moi me dit « Y’a un copain qui m’a parlé de l’École du Jeu, c’est fou, il faut que tu ailles voir ». J’y vais, j’assiste au cours, et là, je me suis dit : « Ouah! c’est des comédiens de théâtres nationaux » ! Ce que j’ai vu m’a fait rêver. C’était là qu’il fallait que j’aille.

J’ai passé un an et demi à l’école. Dès la première année, j’ai passé les concours des écoles nationales. J’ai eu l’ERAC, qui est une très bonne école, mais ce n’était pas là-bas que je rêvais d’aller : je rêvais d’entrer au Conservatoire de Paris. Delphine m’a dit : « Eh bien, retente Paris ! ». À l’intérieur de moi, quelque chose me criait « Je veux aller là-bas ! » La nécessité d’être dans cette école était tellement énorme que si je ne m’écoutais pas, je n’aurais pas été heureuse. Je suis très contente d’avoir rencontré quelqu’un qui m’ait dit : « C’est cette voie que tu dois suivre ».

J’ai donc refait une deuxième année à l’école, et c’est là où j’ai eu le Conservatoire.

C.D. : Dans votre parcours d’élève, qui est maintenant terminé puisque vous êtes sortie du Conservatoire, quelle place occupe l’École du Jeu?

V. D. : J’ai toujours continué à travailler avec Delphine, même en étant au Conservatoire. En première année, j’ai fait l’atelier du mardi soir, qui m’a beaucoup aidée parce que la première année était très dure pour moi. J’ai fait également quelques stages ponctuels, j’ai travaillé sur Hope avec Delphine, j’ai fait quasiment tous les EnJeux Pro l’année dernière… À un moment donné, j’ai eu besoin de faire mon propre chemin, de m’éloigner d’une certaine manière de cet enseignement pour mieux questionner mon libre-arbitre de comédienne. Maintenant que je travaille, la question se pose différemment : « Qu’est-ce que j’ai envie de faire ? » Et une des réponses est que j’ai envie de faire un métier riche en expériences différentes, et entre autres, que je souhaite continuer à travailler avec Delphine et l’école.

Et lorsque l’on me questionne sur mon parcours, je reconnais volontiers que je suis passée par cette école. Je pense que c’est une très bonne école pour apprendre à être comédien. Elle m’a beaucoup aidée : j’ai, par exemple, appris à réfléchir à la manière dont je voulais faire ce métier, aux choix que je devais faire.

À l’École du Jeu, on travaille dans des conditions privilégiées. Les professeurs réfléchissent à ce qu’ils ont envie d’enseigner et ne sont pas injustes. Ça ne se passe pas de la même manière partout. Ce que tu gardes avec toi en sortant de cette école, c’est justement l’essentiel, parce que tu as été en contact avec une vraie question qui t’appartient à toi. Tu sors de cette école avec ça, l’essentiel, comme une base, qui évoluera forcément, mais tu ne te lâches pas dans le vide sans filet.

C. D. : C’est cela que l’école vous a apporté de plus important ? L’essentiel ?

V. D. : Tout à fait. Mon essentiel à moi, c’est jouer. C’est comme ça. Je me souviens d’un stage dont le thème était « Quelle actrice je suis ? » Delphine nous avait demandé de faire la liste de nos qualités. Je me suis alors rendu compte que je ne m’étais pas « attribué » mes qualités, mais que je vivais avec. C’est une véritable richesse. Souvent, on ne profite pas assez de ses qualités, parce que ça peut paraître prétentieux. Ce qui serait prétentieux serait de dire que l’on en a plus que les autres. Là, le travail est de se dire : « J’ai des qualités. Et si je faisais un peu connaissance avec ? » Une de mes qualités est que je sais que je suis faite pour jouer, je ne peux pas faire autrement.

C. D. : Si je vous dis qu’un « trajet » est à la fois « une étendue à parcourir » et « le fait de parcourir un certain espace pour aller d’un lieu à un autre », d’où avez-vous démarré et où êtes-vous arrivée ? En résumé, quel est votre propre trajet ?

V. D. : (Silence). Je me souviens un jour d’avoir rêver très fort de devenir une grande actrice très exigeante. Je ne pense pas pouvoir un jour me dire, « ça y est, j y suis! ». Aujourd’hui, je pose des briques pour être au plus proche de ce que je veux.

Il y a une part en moi qui a envie de faire plein de super-projets. C’est aujourd’hui qu’il faut que je continue à y croire, parce que c’est maintenant que ça peut se jouer, peut-être sera-t-il trop tard dans dix ans… J’ai très peur, et en même temps tout est possible ! L’année dernière j’ai tourné dans un film du réalisateur canadien Guy Maddin avec Charlotte Rampling, Amira Casar, Matthieu Demy… Ce sont des gens qui m’ont fait rêver. C’était vraiment fou, et je me disais en même temps que ce n’était finalement pas si loin que ça, les rêves fous !

Aujourd’hui, je veux surtout continuer à travailler à y croire toujours.

C. D. : Si vous prenez du recul et regardez le trajet effectué, que vous dites-vous ?

V. D. : Pour l’instant j’en suis heureuse.

C. D. : Quelle trajectoire se dessine à l’horizon ?

V. D. : J’espère qu’à l’horizon il y a aura beaucoup. C’est facile de vouloir, dans l’absolu, mais le plus dur se sont les petites décisions qui te rapprochent de ton réel désir : je choisis d’aller dans cette école plutôt que dans celle-là, ou alors je choisis d’arrêter ce que je fais parce que ça ne me plaît pas… Mais cela demande de l’honnêteté pour suivre ce qui me fait le plus envie.

Aujourd’hui, je vais essayer de faire attention à ce qu’il se passe le plus de choses possibles.

Je vais surtout ne pas oublier de me faire plaisir, et de rêver.


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